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Les Cahiers du journalisme N° 26
LES ATTRACTIONS DE LA COMMUNICATION...

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ÉDITORIAL

DÉPRIME ET REBOND

En ces temps difficiles pour la presse, relire Labro : Tomber sept fois, se relever huit*. Le célèbre journaliste-écrivain français parlait alors de sa dépression. Aujourd’hui, son proverbe japonais devrait être affiché dans toutes les rédactions. Entre résilience obligée et envies de hara-kiri, le moral des troupes commence à flancher. Sérieusement. Foutu métier... ou métier foutu ?

Certes, le déclin des médias généralistes ne date pas d’hier. Mais partout, il s’amplifie. Parlez-en aux journalistes québécois ! Qui se souviendront longtemps de ce printemps 2014 de la casse. Radio-Canada en est à son énième plan de compressions budgétaires. L’agence Presse canadienne est dans le rouge. Le groupe Gesca annonce la fin imminente de tous ses tirages papier en région, dans la foulée de la reconversion numérique de son navire amiral (La Presse). À qui le tour ? D’autant que d’autres joueurs sont sur le respirateur artificiel depuis belle lurette...

À première vue, les journalistes – au Québec comme ailleurs – n’ont pas fini de trinquer. Suppressions de postes, précarisation des statuts, dégradation des conditions de travail : y a de la joie, comme dirait l’autre ! Dans le métier aujourd’hui, mieux vaut être jeune ou vieux. Jeune, pour mieux savoir où ne pas foutre les pieds. Vieux, pour se consoler en pensant que la sortie n’est plus très loin. Pour tous les autres, soirées de scotch en perspective...

Se relever donc ! Parce que la machine à baffes finira par s’enrayer ? Parce que l’âge d’or reviendra comme par enchantement ? Parce que les lecteurs encore fidèles à leurs médias traditionnels oublieront de mourir ? L’affaire est a priori mal emmanchée, camarades !

Et pourtant, baisser les bras serait beaucoup trop simple. Donner raison aux cyniques, aux ronchons et autres oiseaux de malheur – qui parient tous sur la fin du journalisme comme certains ont parlé de la fin de l’Histoire – serait un bien mauvais calcul. Parce que même l’enfer mérite d’être raconté : l’actualité, bonne ou mauvaise, n’a de sens que si l’on en parle. Son récit quotidien, avec la même obsession de rigueur et de vérité, reste un must absolu. À l’heure de la promo à tout crin, de l’intox, de la récup, de l’info people et des inepties-pour-ados-attardés qui circulent sur les médias sociaux (et on pourrait beurrer longtemps), les journalistes ne sont-ils pas les seuls témoins encore un peu crédibles de notre temps ?

Bref, il faut reconstruire – plus exactement continuer – sur la base de nouveaux fondamentaux. Au-delà des technologies qui explosent, des modèles d’affaires qui implosent et des publics qui se recomposent, faire le dos rond ou pleurnicher sur une époque qui fout le camp ne sert à rien. Il faut juste tout réinventer. Quitte à se relever d’un champ de ruines...

C’est pourquoi, plus que jamais, le journalisme reste un formidable métier d’avenir !